destiny

« Hey, vous avez entendu la nouvelle ? Destiny déménage à Chesterfield ! »
Une rumeur qui a fait le tour de la ville. La Californie pleure le départ de son groupe préféré tandis que Chesterfield s’enflamme quant à cette nouvelle des plus inattendues. Neven Glass, chanteur, guitariste et compositeur pour le groupe, a annoncé vouloir changer d’air en pleine interview. Le groupe n’a pas perdu de temps : l’un des plus grands penthouse de l’Upper Center a été réservé par les membres il y a environ une semaine. Destiny emménage à Chesterfield le 13 juillet 2023.

Le jour même

– WOW ! NEVEN, REGARDE !
– J’suis juste à côté de toi connard, arrête de gueuler.

Tu t’approches de l’entrée de l’une de vos multiples salles de bain et passes la tête par-delà l’encadrement de la porte.

– Y’a un JACUZZI !
– J’en connais un qui va privatiser celle-ci tous les soirs rien que pour lui et ses go’, hein Nev’ ?
– Ça s’pourrait… lances-tu dans une demi-lune satisfaite.
– T'as combien de meufs déjà ? Six, sept ? Soixante ? lance Elias.

Tu balances ton poing dans le ventre d’Elias en riant, celui-ci te frappe l’arrière de la tête en guise de vengeance, et tu retournes te blottir dans ton nouveau canapé préféré. Tu te laisses choir dessus et pose tes pieds sur la table basse, t’allumant une clope au passage. Les trois autres cons te suivent et s’installent ; Elias se laisse tomber sur le canapé, faisant trembler littéralement toute l’assise et empêchant ton briquet de s’approcher de sa cible.

– Y’a trente-cinq mille fauteuils ici, pourquoi tu viens me casser les couilles ? dis-tu la clope coincée entre les lèvres, taquin.
– Parce que j’aime celui-ci.
– Sale chien.

Vous riez aux éclats tandis que le batteur s’éclipse pour ouvrir le réfrigérateur. Il en sort quatre bières et, à l’unisson, vous l’acclamez. Il vient se poser sur le fauteuil en face de toi, séparé par la table basse, et ouvre chacune des bières avant de les déposer au milieu. Tu te penches en avant afin de saisir la tienne puis de t'engouffrer encore plus profondément dans le canapé.

L’un d’eux soupire, nostalgique.

– Et dire que y’a dix ans, on répétait dans mon garage. Aujourd’hui, on est toujours les mêmes cons, mais on a un PENTHOUSE, hurle-t-il dans un rire gras.
– Et y’a quinze ans, quand j’ai ramassé l’autre fils de pute en pleine rue parce que ses cons de darons l’avaient encore oublié dehors, j’pensais qu’il finirait par se faire buter. Pourtant, le voilà chanteur. T’es toujours un fils de pute, mais au moins t’es riche, te lance Elias ; vous riez de nouveau.

Vous passez la soirée à vous remémorer le passé ainsi, à vous insulter, à boire comme des trous et à rire aux éclats. La meilleure des ambiance, c’est avec eux. Et pour rien au monde tu ne changerais de groupe de potes.

Arrive rapidement l’heure où Elias s’affale sur le canapé, complètement bourré, ronflant bien trop fort pour le bien de vos tympans ; vous partez chacun vous coucher dans vos chambres respectives.

Tu fermes la porte derrière toi, retires ce t-shirt plein de bière et le balance dans un coin de la pièce. Tu retires tes chaussures, poses ta guitare sur son socle et t’allumes une nouvelle clope. Tu envoies valdinguer le briquet sur le lit, de même que ton téléphone, et t’avances vers la double fenêtre ; tu l’ouvres en grand et t’assois sur le rebord, adossé à l’encadrement de cette dernière, tu viens replier le genou et laisse ton autre jambe pendre à l’extérieur.

Une grosse taffe plus tard, tu viens contempler la fumée qui s’éloigne vers le ciel étoilé. C’est la pleine lune, ce soir. Tu prends le temps de te remémorer tout ce qui a été dit ce soir. Tu laisses tomber ta nuque vers l’arrière, posant ton poignet sur ton genou replié, sans même te préoccuper de la cendre qui s’apprête à dévorer ton jean noir troué.