Je suis une licorne. Les licornes ne se mêlent pas avec les ânes. [Craig]

Ton histoire n’est pas spécialement banale, mais t’as jamais vraiment compris en quoi elle pouvait expliquer ton comportement. Né d’un père travaillant dans la finance et d’une mère femme au foyer, t’as toujours était capricieux. Tu avais toute l’argenterie en bouche. Dès que tu pleurais, le monde accourait pour céder à tous tes caprices. Et ça, à tout âge.

Jusqu’à tes 10 ans, c’est toi qui faisait la loi à la maison, ton père n’était presque jamais là, toujours en déplacement mais grâce à lui t’avais tous les cadeaux que tu voulais.Tout se passait extrêmement bien pour toi, t’as toujours su faire partie des populaires, un talent rare, surtout vu ton caractère.

À ton adolescence, faire la loi à la maison, ça ne t’intéressait plus, ta mère était faible et disait oui à tout, tu voulais du challenge, t’as toujours été joueur. Alors tu t’es dis que le lycée allait te craindre, car ouais, le lycée avait sa propre chaîne alimentaire et tu voulais être au sommet, être petit et frêle n’allait pas t’en empêcher.

Là encore, t’as vite rejoint les populaires, vous aviez toujours votre table et vous saviez détruire quiconque s’en prenait à vous. En matière de rumeur, t’étais le pire, les meufs avec qui tu traînais pouvaient être méchantes et faire pleurer certaines personnes, mais toi, tu voulais qu’elles ne sachent plus se relever. Malheureusement, t’as jamais aimé étudier, t’as toujours voulu avoir les bonnes notes en claquant des doigts. Et t’as réussi, tu t’es mis en tête de séduire le prof d’anglais, t’as réussi, 27 ans, marié, t’en avais 16 mais tu tenais à avoir une bonne moyenne pour que ton père te foute la paix, il était de plus en plus présent à la maison et tu comprenais pas pourquoi.

T’as gardé ta liaison secrète, t’étais doué pour ça les secrets, t’aimais même ça. Le risque, le voir en cachette dans un placard, profiter d’une salle de classe vide, t’as trouvé ça exaltant. Malheureusement, comme tout ce qui te fait vibrer, tu t’es vite lassé, tu ne pensais pas qu’il tomberait amoureux de toi si facilement, faut dire que t’avais tout fais pour lui plaire et semblait parfait à ses yeux. Comme il ne te servait plus à rien, que t’en voulais plus, tu l’as jeté. Tu ne pouvais pas prendre le risque qu’il se venge et qu’il pense à pourrir ta moyenne, alors t’as fais simple, t’as tout balancé au directeur et à sa femme. Des regrets ? Tu les cherches encore. Viré et divorcé, il ne pouvait plus te mettre des bâtons dans les roues.

A tes 17 ans, la vie fut beaucoup moins rose, t’étais toujours au top au lycée, mais à la maison, ça n’allait plus. Ton père avait perdu son travail, lui qui devait te nourrir et céder à tes caprices. Tu saisissais pas que la situation était dur pour ta famille, tu ne l’as jamais compris. T’insistais pour avoir des trucs toujours trop cher, hors de question d’aller acheter tes fringues dans les supermarchés en fait. Alors, t’as fugué une première fois, t’es allée te réfugier chez une pote, en parlant de tes amis, c’était plus tes mignons qu’autre chose. Mais bon, fallait bien qu’ils aient une utilité non ? À défaut d’être intelligentes, elles étaient riches.

T’as su cacher ta pauvreté bien longtemps, beaucoup moins sympa comme secret ça. T’as fugué une paire de fois, t’en avais marre, t’as même dû déménager dans l’east side, c’était tellement la honte, vivre chez les kassos. Le lycée a bien fini par se terminer, y’avait plus de rumeurs à répandre, plus de venin à cracher, t’allais vite t’ennuyer.

Qu’est-ce qui arrive au petite pétasse dictatrice une fois que le lycée se finit ? Elle tombe de leur piédestal, c’est ce qui t’es arrivé. Tu ne pouvais t’en prendre qu’à toi même, t’as eu ton diplôme de fin d’année mais aucune école ne t’a acceptée, t’as dis adieu à tes parents (ils n’avaient qu’à être riche) et tu as vite décidé de vivre au crochet des gens, malheureusement, tout a une fin, tes amies t’ont vite fait comprendre que tu pouvais pas toujours rester chez elles. Tu voulais pas travailler, tu voulais juste viber en fait, il te fallait un taff de chômeur mais qui touchait suffisamment bien, t’es allé bosser chez le service postal, hôte d’accueil, vous étiez quasiment jamais ouvert et tu pouvais descendre les clients impolis, le rêve.

T’as rejoins une coloc pour payer un loyer moins cher, en plus c’est pas toi qui fait le ménage des communs quoi de mieux ? T’es quand même resté populaire, y’a du monde qui te regarde jouer et qui te suit sur Insta, tu fais parfois des placements de produits foireux, rien à foutre de leur faire acheter un truc qui leur fera perdre leurs cheveux du moment que tu touchais des thunes.