The best of both worlds | Smoke

[TW : Drogue ; Alcoolisme ; Suicide; Violence]

Certains naissent avec une cuillère en argent dans la bouche, d’autres, comme toi, naissent avec une cuillère en plastique usagée. Tu n’es définitivement pas né dans la bonne famille, ton parcours aurait sûrement été très différent si c’était le cas, malheureusement, le hasard n’est pas souvent de ton côté.

Ta mère, jeune étudiante tombée enceinte pendant le lycée, reniée par sa famille croyante et célibataire. Elle dira toujours de ton père que ce n’était qu’un connard qui n’assumait pas ses responsabilités, que contrairement à toi, ce n’était pas un homme.

La première année de ta vie ne fut pas la plus dure, une association était très présente pour aider ta mère à payer son loyer, puis quand elle aura finit sa scolarité, l’aider à trouver un travail. Tout se passa bien pour toi, tu avais de quoi manger, tout provenait des épiceries partagées, des restaurants du coeur, de la pitié des autres. Ta mère ne pouvait pas le supporter, elle en avait marre qu’on lui fasse la charité, alors elle chercha un moyen d’oublier. L’alcool fut sa première solution, buvant plus que de raisons, elle pouvait enfin oublier l’enfer qu’elle vivait au quotidien, élever un enfant qu’elle ne voulait pas au final.

Les années passèrent et l’état de l’appartement dans lequel vous viviez commençait à se dégrader, des cadavres de bouteilles jonchaient partout au sol, des cendre sur la table basse et l’odeur de renfermé pouvait parfois donner la nausée. Mais toi, tu t’en fichais, tu pensais que c’était normal, tu n’avais pas vraiment de point de comparaison. Ton jouet préféré, c’était la poche d’un cubis que t’avais gonflé avec ton souffle, tu pouvais le lancer partout, c’était bien puis ta mère ne te hurlait pas dessus car ça ne coûtait rien. En parlant de hurlements, ce n’était pas rare pour les voisins d’entendre ta mère crier comme une folle, après quelques verres, elle devenait désagréable et violente verbalement, tu détestais la boisson qui avait cet effet sur elle.

Lors de ta première rentrée, tu pus enfin sociabiliser, c’était la première fois que tu restais avec des enfants de ton âge, ça se passait plutôt bien. Tu passais tes meilleures journées à l'école, tu souhaitais toujours rester, t'aurais tout fais pour ne pas rentrer à la maison. Tu découvrais de nouveaux jeux, des nouvelles personnes... Ta mère t'avait appris à ne rien dire, de garder tout ça pour toi, car sinon vous alliez avoir des problèmes. Du coup, t'as toujours su comment cacher la vérité, excellant dans le mensonge dès ton plus jeune âge.

Les années passèrent et ça continuait comme ça, l'alcool avait transformé ta mère en une créature désagréable prête à tout pour la moindre bouteille, elle te demandait même d'en voler parfois. Alors, par peur d'avoir des coups en rentrant, t'arrivais toujours à trouver une solution, après tout, tu voulais juste être un bon fils aux yeux de ta mère. Néanmoins, tout changea lors de ton adolescence.

Ta mère trouva quelqu'un, au début il aurait pu paraître sympa, toujours entrain de rire et toujours une clope au coin du bec, malheureusement, lui aussi avaient ses démons. Ta mère l'entraînant avec elle dans sa chute, il devint violent sous l'effet de la boisson, te donnant des ordres qui te déplaisaient, t'étais adolescent, tu voulais tenir tête, le premier coup te laissa sur le cul, t'en revenais pas, lui, cet inconnu, te frappait. Tu ne pris pas longtemps avant de rassembler quelques affaires dans un sac et te barrer de cette foutue résidence.

Tu cherchais à crécher ailleurs, au moins un lieu où tu pouvais avoir la paix pour une nuit. T'avais pas de téléphone contrairement à tout tes autres potes, t'étais isolé, tu te rapprochas automatiquement de mauvaises fréquentations, un mec te proposa de crécher chez lui le temps de te refaire mais en échange de petits services, tu savais très bien ce qu'il allait te demander, soit guetter, soit vendre. T'acceptas, t'avais pas d'autres solutions et tu voulais pas revoir ta mère.

Tu te retrouvais donc à passer le plus clair de tes journées devant là où t'habitais, vérifiant qu'aucun poulet ne passait dans le coin, tu trouvais ça chiant, tu voulais bouger toi, voir du monde. Alors, t'as décidé de n'avoir aucun regret et de commencer à vendre. Au début, tu faisais ça le soir après les cours, mais c'était pas exceptionnel, t'as vite lâché le lycée, franchement, t'en voyais pas l'intérêt, tu brillais pas tellement et t'avais changé d'amis maintenant.

Un jour, tu testas ce que tu vendais, c'était plus simple pour convaincre n'importe qui d'en acheter, tu pris un premier joint, c'était agréable, t'aurais pas su définir pourquoi mais tu te sentais mieux. Alors, à chaque fois qu'on t'en proposait, t'acceptais, tu voulais pas refuser, c'était sympa, ça te permettait de penser à autre chose que ta mère. T'es quand même retourné la voir, tu pouvais pas t'empêcher de faire du soucis pour elle.

Tu lui rendais donc visite, t'essayais de passer lui apporter à manger, elle t'insultait parce que ce n'était pas de l'alcool, tu essayais de ranger un peu mais c'était peine perdue. T'apprenais qu'elle avait rompu avec l'autre, qu'elle était malheureuse, qu'elle n'en pouvait plus, t'essayais donc de passer plus souvent, de t'occuper d'elle, certains jours il y avait de réels progrès, tu la voyais aller un peu mieux et après le passage d'une bouteille, les efforts d'une semaine voir d'un mois disparaissaient.

Un soir, alors qu'elle avait repris la picole, tu recroisas ton ancien beau-père dans l'appartement, t'avais pas envie de te prendre la tête, tu retournas vivre dans l'endroit que tu squattais, t'avais pas envie d'assister à des engueulades toute la soirée. Alors, tu  les laissas reprendre leur relation, les évitant l'un comme l'autre, les laissant se complaire dans leur toxicité.

Tu finissais par avoir un vrai carnet d'adresse, tu savais où vendre, à qui et comment faire en sorte que les gens en consomment plus. Tu vendais parfois des cachets ou des trucs un peu plus fort, mais toi tu touchais qu'à l'herbe, ne voulant pas finir comme  les cadavres prêts à tout pour une dose.

Un soir, alors que t'étais posé dans ton lit, t'entends ton téléphone vibrer, tu l'ignores, tu veux la paix le temps d'une soirée. T'en profites donc pour faire une sieste, t'entends ton téléphone vibrer plusieurs fois, c'était habituel. Tu vois des appels en absence de ta mère, des messages qu'elle avait écrite bourrée et bien sûr, des menaces de suicide, tu te dis que c'est habituel, qu'après tout, c'était pas la première fois que ça arrivait et qu'elle était grande. Plus tard, on t'appellera pour t'avertir qu'elle a encore rompu et que sous le chagrin et la solitude, elle s'est pendue.

Tu t'en voudras probablement toute ta vie, depuis t'es jamais retourné dans son appartement, laissant les affaires qu'elle avait pu abandonner aux bonnes oeuvres, tu ne voulais plus y mettre un pied, t'as même déménagé tellement tu ne supportais plus de voir ce bâtiment. Puis la vie a repris son cours, t'as continué de vendre et tous les jours t'assistais à des nouvelles merdes, du racket, des menaces de mort, des courses poursuites avec la police, enfin, rien de sympathique.

Un jour, alors que t'assistais à un règlement de compte, tu savais que tu n'allais rien faire, mais ta curiosité, un peu morbide, te poussait à voir ça. A la base le mec devait juste être tabassé pour comprendre une leçon, il sortit un couteau et... Un drame arriva. Tu ne pus t'empêcher de remarquer la présence de dés, t'étais même le seul à le remarquer, y'en avait deux, pas loin de l'immense flaque rouge qui te donnait la nausée. Tu choppas les dés, instinctivement et tu dégageais, t'avais juste vu, t'aurais aucun soucis. Un SMS fut envoyé par un certain monsieur X, tu te prêtas au jeu, t'étais trop curieux, tu voulais voir jusqu'où ça allait. Alors tu lanças tes deux premiers dés pour voir où ça mènerait, tu commençais à kiffer le hasard. Tu fis une quête et t'attendait avec impatience de réaliser la prochaine. Te voilà donc à continuer ta vie, essayant toujours de trouver du positif dans chaque situation, voyant la vie du meilleure côté, même quand il n'y en avait pas.